La Troisième République a construit une véritable infrastructure civique destinée à façonner des citoyens pleinement engagés dans le projet national. Deux leviers majeurs structuraient cette ambition : l’instruction publique et le service national.


L’école, conçue comme le cœur battant de la République, ne se limitait pas à transmettre des savoirs. Elle était un espace de raison, de méthode et de science, selon l’esprit magnifiquement exprimé par Ferdinand Buisson. Son œuvre pédagogique et philosophique rappelait que l’école républicaine devait apprendre à penser plutôt qu’à croire, à comprendre plutôt qu’à répéter, et à éclairer l’esprit plutôt qu’à l’assigner à une quelconque tutelle.
C’est dans ce cadre que l’instruction publique a unifié un pays encore marqué par les patois, les régionalismes et les clivages culturels, tout en intégrant les immigrés de l’époque dans une même culture civique.
Le service national complétait ce projet. Il créait une expérience commune, mélangeait les milieux sociaux, et consolidait un sentiment partagé d’appartenance à la Nation. Ensemble, ces deux institutions ont produit les « petits républicains » qui ont nourri la cohésion nationale pendant des décennies.
Un nouveau départ ?
Aujourd’hui, la remise en place du service national voulue par le président Emmanuel Macron réactive cette mémoire républicaine. Si le dispositif répond d’abord à un impératif sécuritaire, il ouvre aussi un questionnement stratégique : comment reforger un lien civique profond entre les jeunes générations et la République ?


Dans un contexte où la cohésion sociale, la compréhension de la science, la lutte contre les croyances simplificatrices, et la transmission des valeurs républicaines constituent des défis majeurs, les deux leviers historiques demeurent pertinents :
- L’école, creuset de la raison et de la science, demeure la première institution capable de donner à chacun les instruments intellectuels pour comprendre le monde, distinguer le vrai du faux et s’inscrire dans un horizon commun.
- Un service national modernisé peut redevenir un espace de mixité, d’engagement, de solidarité et d’expérience civique partagée.
La Troisième République avait réussi à unifier une France diverse. Aujourd’hui, en articulant l’école républicaine, héritière de Buisson, et un service national repensé, la France peut se doter à nouveau d’outils puissants pour transmettre ses valeurs, refonder la citoyenneté active et former des citoyens éclairés, responsables, attachés à la raison et à la République.